à vif, reverie

La stupeur et le doute

D’autres l’ont dit avant moi pour s’en être rendus compte encore plus tôt ; la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Certes elle donne souvent l’impression de voguer au long cours mais c’est pour mieux surprendre au détour d’un virage par un remous violent.
Ce sursaut inattendu prend des formes chaque fois nouvelles, s’il en était autrement bien sûr il n’aurait plus rien d’inattendu. Ses magnitudes quant à elles peuvent aller de l’intime le plus profond jusqu’au douleurs les plus expressives.
Le remous dont j’ai fait la connaissance ce matin fait pour l’instant partie de la première des deux catégories, mais sa nature complexe pourrait bien le faire évoluer jusque dans les sphères les plus apparentes de la colère sourde : c’est un sentiment de déception aux contours encore indistincts et fluctuants.

River Llugwy par Stu Worrall

Imperceptiblement le cours de choses se fait bien plus rapide. Déjà quelques rocs grisâtres aux arêtes acérés affleurent ça et là. L’eau à son tour devient trouble et se change en écume. La raison devrait me pousser à pagayer de plus fort, à guider de mon mieux mon embarcation au cœur de la tourmente, mais je ne suis plus certain que mes bras me soutiendront bien loin.
Alors j’attends. J’attends un nouveau choc, un nouveau sursaut. A ce stade il peut surgir de n’importe où : de l’impact violent de mon canoë contre l’un des rochers qui m’entourent, du contact froid et violent de l’eau gelée sur ma peau, de cette douce sensation qui précède la noyade.

Il vaudrait mieux peut être qu’il vienne de l’intérieur, de cette brusque bouffée de vie qui se fait jour lorsque lorsque le sentiment d’étouffer devient beaucoup trop fort.

Il est bien trop tôt cependant pour le dire à ce stade.

The Silent Fog par aud...

Alors j’attends et je verrai… Et si l’air d’ici là ne s’est pas trop raréfié, je sortirai peut être marcher quelques instants là-bas, hors de la brume.

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