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Va t’on se changer en zombies ?

Ce matin, je suis rentré de l’ile déserte ou j’ai passé les derniers jours avec la même angine qu’en partant. Je fais partie de ces gens qui se sentent un peu coupables lorsqu’ils partent en vacances, c’est vous dire que sans me réjouir pour autant je n’étais pas franchement fâché de reprendre le boulot.
Je sortais doucement de ma torpeur matinale et buvais sans trop y faire attention le médicament sensé apaiser ma gorge endolorie lorsque l’habitante de mon ile (pas totalement déserte en fait) ma posé la question la plus incongrue à cette heure ou les neurones ont plutôt coutume d’attendre que le soleil soit plus haut pour se mettre eux aussi mettre à briller.

« Dis, tu sais comment on calcule le seuil de pauvreté ? »

Un peu vexé de ne savoir quoi répondre, j’ai branché l’ordinateur et attendu qu’il s’allume -ce qui m’a permis de gagner quelques instants afin de m’allumer aussi un peu plus- puis j’ai trouvé ceci sur le très sérieux site de l‘INSEE :

« Pauvreté monétaire – Définition
Un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsqu’il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. L’Insee, comme Eurostat et les autres pays européens, mesure la pauvreté monétaire de manière relative alors que d’autres pays (comme les Etats-Unis ou le Canada) ont une approche absolue.
Dans l’approche en termes relatifs, le seuil est déterminé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l’ensemble de la population. Eurostat et les pays européens utilisent en général un seuil à 60 % de la médiane des niveaux de vie. La France privilégie également ce seuil, mais utilise aussi très largement un seuil à 50 %, seuil de référence jusque récemment ».

Bien que cette austère définition ne m’ait pas vraiment réveillé, j’ai voulu en savoir un peu plus.
J’ai donc été voir à combien s’élève ledit seuil en France.
Je m’attendais à un bête chiffre, et en fait je suis tombé sur un tableau à vrai dire pas beaucoup plus simple que la définition qui précède.
En substance, j’en retiens qu’une personne seule qui gagne 817 euros par mois est considérée comme pauvre de même qu’un couple sans enfants avec 1226 euros de revenu mensuel.
J’en suis encore abasourdi -parce qu’il me semblait que 817 euros c’était une sacrée somme- lorsque j’entends la voix de Marie Colman dans la matinale de Canal + qui évoque les vieux films de George Romero.
Et c’est là que ça m’a frappé.
A cet instant il me semble assister à un douloureux prélude à la nuit des morts vivants ou son récent avatar Land of the dead (le territoire des morts en VF).

Je vois la ville de l’affiche et les gens confortablement installés à l’intérieur dans leurs grattes-ciel, bien à l’abri derrière leurs barricades.
Je vois les zombies affamés et désespérés qui cherchent inlassablement un moyen d’entrer.
La fin du film : on la devine aisément.

Ma vision vous semble exagérée et pessimiste?
Vous avez raison.
Mais un seuil de pauvreté à 2043 euros pour un couple avec deux enfants de plus de 14 ans, c’est je crois tout aussi exagéré…

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