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Sinophobie, dictature, émotion et un peu d’humanité (Billet du 9.04.2008)

A l’approche des jeux olympiques, le monde entier semble pris de « sino-manie« , de sorte que depuis plusieurs mois déjà, le phénomène a permis l’émergence dans l’opinion d’une véritable prise de conscience quant à la nature réelle du gouvernement chinois.
Il n’y a pas si longtemps encore, le nom de la Chine faisait écho à des idées de croissance économique (voir un article de « Libération » en juillet 2006) et de perspectives financières intéressantes.
On allait même jusqu’à conseiller sans états d’âme à nos enfants d’aller faire leurs études en Chine.
Je n’ai pas d’enfant, mais à bien y réfléchir, dans l’hypothèse contraire je ne suis pas certain que je les enverrais passer du temps dans un pays totalitaire.

Aujourd’hui, à l’inverse, on ne parle plus que de la censure, des violations des droits fondamentaux, des tibétains, des journalistes…

Dommage collatéral de cette soudaine émotion, les géants de l’Internet sont soudainement montrés du doigt. On s’émeut que Google et les autres se prêtent si volontiers à la censure de la toile orchestrée depuis des années par le régime en place. On feint de découvrir que Yahoo collabore sans sourciller avec les autorités chinoises dans la traque des opposants, alors que cette information est publique depuis déjà bien longtemps.

Si du point de vue éthique ce type d’attitude est particulièrement condamnable, il faut néanmoins garder à l’esprit qu’une société ne saurait retenir des informations contre la volonté d’un état. Personne ne saurait d’ailleurs raisonnablement s’indigner que ces mêmes sociétés collaborent avec les autorités françaises dans la traque des délinquants et des criminels…

Ce qui pose problème, ce n’est donc pas la collaboration elle-même, mais le fait qu’elle soit perpétrée à l’égard d’un régime dont ces entreprises connaissent la nature.
Ce qui pose problème c’est le fait de livrer des informations en sachant quelles seront les conséquences de leur divulgation.
Ce qui pose problème surtout c’est la contrepartie de ladite divulgation, c’est à dire la garantie de pouvoir accéder au si courtisé consommateur chinois….

Dans ce contexte, il est plutôt naturel que certaines de ces entreprises cherchent à démontrer que leur nécessaire collaboration avec des organes gouvernementaux peut également comporter des aspects positifs.
C’est précisément l’attitude adoptée par Google qui, selon l’avatar numérique du journal « le monde », vient d’inaugurer le projet Google Earth Outreach,
qui va permettre à l’agence des nations unies pour les
réfugiés de suivre les déplacements de population.

L’objectif de ce programme est à la fois de faciliter les opérations humanitaires, mais aussi faire connaître aux 350 millions de personnes ayant téléchargé Google Earth la situation des millions de personnes obligées de fuir leur foyer ou leur pays, à cause de guerres, de crises ou d’événements climatiques majeurs.

Une initiative à suivre… Sans pour autant oublier le reste.

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