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C’est pas la fête au cinéma

Comme chaque année la grande solderie du mois de juin a ouvert.

Une place plein tarif, un ‘passeport’ qui n’en a plus que le nom et l’assurance de voir plein de films pour pas très cher pendant une semaine : bienvenue à la fête du cinéma.

Et comme à l’habitude, les films du mois de juin ont été triés sur le volet. 
Puisqu’il n’est pas question de brader un film à fort potentiel, un de ceux qui rempliront les salles à n’importe quel « prix », on a mis à l’affiche tout ce dont on ne sait pas quoi faire, ces films dont l’insuccès serait un brin humiliant. 
Ceux qu’on brade plutôt que de les laisser pourrir.
 
Cette année, le programme est un parfait exemple du genre : de « Street Dance 3D » à « Fatal » en passant pas « sex and the city 2 » vous aurez du mal à trouver un film correct à vous coller sur la rétine.
 
Mais à ce prix là, ce serait bien dommage de ne pas donner sa chance, même à un film peu inspirant. 
Alors comme chaque année, j’ai fait la fête du cinéma. 
Ce qui va suivre est le trop modeste  « bilan » de ma journée : 


11h00

J’ai commencé par laisser une chance à Prince of Persia.Pas besoin décrire grand chose sur ce film qui semble avoir été écrit directement par ses producteurs selon des recettes bien établies. Au final, le film décevra tout le monde, les fans du « Prince » vidéo-ludique faute pour eux de retrouver l’inventivité des jeux, mais aussi les autres qui risquent de bailler devant cette aventure sans intérêt. 
13h30
Kiss and Kill aligne quant à lui les défauts inverses. A vouloir trop mélanger les « recettes » cette gentille comédie sentimentale-d’action-d’espionnage-mais-pas-que oscille entre « Mr and Mrs Smith » et True Lies se perd un peu en route. Le résultat n’est pas antipathique. Mais parions que lorsque celui-ci sortira en DVD vous vous demanderez un instant si vous l’avez vu ou pas. 

15h30
Top Cops s’est échappé d’une faille spatio temporelle. Ce « buddy movie » ringard a probablement  été tourné dans les années 80. Les quelques fans de l’Arme Fatale (ils existent) saisis d’une crise de nostalgie prendront peut être un peu de plaisir. Les autres, affligés par l’indigence d’un scénario truffé de gags à base de maris cocus et de pets passeront sagement leur chemin.
17h00
Shrek 4 se regarde avec les mêmes sentiments que ceux qui viennent à la lecture d’un Astérix récent ; l’un de ceux qui ont été écrits par Uderzo. On retrouve les personnages comme on revoit de vieux amis qu’on n’a pas vus depuis longtemps. Et puis on se rend compte que l’humour tombe à plat, comme s’ils n’avaient plus rien à dire. Le film est sympathique mais vous l’oublierez vite.


Certes, bien sûr il y a ça et là quelques bons films toujours en salle. Robin des Bois par exemple dont j’avais dit pas mal de bien… il y a un plus d’un mois et demi.
Mais cela ne suffit pas à me convaincre que le fête du cinéma peut être un peu plus qu’une vaste convention pour films insignifiants.

Et cette simple idée me met en colère à un point que vous pouvez à peine supposer.
Parce que lorsqu’on m’incite à acheter un passeport pour la fête du cinéma on me demande de prendre un risque. Le risque de dépenser quelques euros. le risque de perdre mon temps. Le risque de m’ennuyer.
Vous me direz que je pinaille, que ce ne sont pas de biens grands risques.
Mais aussi futiles soient-ils, ces risques m’importent à moi, et ils justifient à mon sens que les exploitants de salle prennent eux aussi un petit risque : celui de privilégier des petits films de qualité qui peinent à se faire projeter plutôt que les rebuts de la grande industrie.On peste suffisamment sur le manque de renouvellement du cinéma, ces films sans audace et ces acteurs qu’on voit dans trois films en même temps pour ne pas vouloir un peu de nouveauté.
Si la fête du cinéma sert à faire venir un public voir en masse des films qu’il ne serait probablement pas venu voir autrement, il serait à mon sens judicieux de profiter de cette fenêtre pour mettre en lumière des films nés sous une étoile plus artistique que commerciale.
Le public ne serait pas le seul bénéficiaire de ce changement, l’industrie du cinéma y trouverait du même coup un moyen d’injecter du sang neuf en son sein à moindre frais.

Il y a urgence. 
Parce qu’une journée pareille, même à ce prix là, ça finit par donner des envie de piraterie numérique même au cinéphage que je suis. 

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