Miloud parle comme un cheval au galop, et avec gourmandise. Il frappe chaque syllabe et répète lorsqu’il pense que c’est mal dit.
Je crois qu’il aime rencontrer des gens. Et quand il parle, on dirait presque un enfant.
Les adultes ont des arrières pensées. Alors que Miloud, lorsqu’il pose une question, c’est simplement qu’il est curieux de la réponse.
Et quand il affirme, c’est qu’il pense être certain.
Surtout Miloud aime raconter.
Il doit avoir pas loin 40 ans maintenant et ses histoires sont désormais toujours un peu les mêmes.
Miloud parle dès qu’il le peut de ce vieux monsieur, depuis décédé, qui avait des vignes et qui le faisait servir à table.
Il en parle avec fierté et ajoute volontiers que ce monsieur était franc-macon. Il répète ce terme plusieurs fois comme si l’on n’avait pas compris. Comme si ce nom était si compliqué qu’il faudrait l’entendre plusieurs fois pour l’appréhender tout entier.
Miloud le dit sans connivence, ni parfum de complot, simplement pour signifier que le vieil homme était important.