L’autre samedi, j’ai passé l’essentiel de la matinée au commissariat.
Pas de faux suspense, il ne m’est rien arrivé.
J’accompagnais quelqu’un qui souhaitait déposer plainte pour le vol de son portefeuille. Depuis, l’objet s’est révélé égaré plutôt que perdu. Mais sur le moment, la démarche paraissait nécessaire quoi qu’ennuyeuse.
Il y avait deux files d’attente désertes pour parvenir à l’accueil. Nous avons choisi la plus proche, celle de gauche ; au bout de laquelle se trouvait un homme au sourire affable et contenu à l’allure discrète dans un pull gris en laine ouvert par un col en v.
Je suis resté en retrait tandis que celle que j’accompagnais s’est avancée pour lui expliquer la disparition du portefeuille qu’elle situe deux jours auparavant, dans la foule réunie dans ce bar où nous avions été boire un verre pour marquer la Saint Patrick.
L’histoire du vol de portefeuille qui était sans aucun intérêt ce matin là a pris un tour comique dès lors qu’elle s’est révélée bâtie toute entière sur une hypothèse depuis démentie.
Mais peu importe. Ce qu’il faut retenir à ce stade, c’est que nous occupons la file de gauche avec une histoire banale et inutile.
Or, derrière le guichet voisin, se trouve un homme qui porte l’uniforme et le cheveu court. Il a le regard dur et un port de tête trop droit comme pour se donner une allure militaire, toutefois trahie par un léger surpoids. Sa haute stature pourrait suffire à lui donner de l’autorité et pourtant, il prend la peine d’adopter un ton impérieux lorsque deux femmes s’avancent vers lui.