actu-fiction

Les animaux derrière la porte [actu-fiction]

Laika s’est lovée contre moi. Elle est comme ma sœur, même si on ne se ressemble pas. 
Je l’ai toujours connue, c’est elle qui me réchauffe lorsque j’ai froid le soir.

Elle est belle Laika, blonde et fine à la fois,  et son regard noir et joueur ne laisse personne indifférent. 
Et puis, c’est elle toujours elle qui s’occupe de mes plaies toutes les fois où Rex m’a trop cherché des noises. 

Rex, c’est un furieux qui ne cesse d’aboyer et de s’en prendre aux plus petits que lui. 
Je suis bien plus petite que lui. 
 
Pourtant c’est Rex qui fait régner l’ordre dans l’appartement. ; s’il n’était pas là les grands ne cesseraient de se battre et ce serait bien pire  pour nous les plus petits.
Sa force lui permet de décider de tout. 
Rex aimerait que nous croyions qu’il n’a peur de rien ni personne. Mais je vois bien ses yeux trembler lorsque résonnent les cris des animaux derrière la porte. 
actu-fiction

Le pendu [actu-fiction]

Max prit une profonde inspiration avant de descendre du véhicule. 
Non pas qu’il eut peur ; bien au contraire. La peur est un sentiment où l’incertitude se mêle à à l’urgence. 
Or Max avait réfléchi depuis des semaines déjà le moindre des gestes qu’il s’apprêtait à effectuer. A présent sa seule crainte était de s’emporter au point de ne pas être capable de savourer chaque instant. 
 
C’est un hululement lointain qui finit par le tirer de ses pensées. Max ouvrît la porte de son Opel Kadett et, d’un geste assuré, tira une malle à bas de la banquette arrière. Il en retira une corde épaisse et noueuse qu’il prit un soin particulier à dénouer avant de la lover puis de la poser à terre. 
 
Ensuite, il s’approcha du sapin qu’il avait repéré lors d’une reconnaissance, quelque huit jours plus tôt, et s’arrêta une nouvelle fois à son pied pour jauger  une ultime fois de sa résistance. 

Au pied de cet arbre plusieurs fois centenaire, il ne put s’empêcher de songer de nouveau à Katrin étendue au pied d’un sapin guère différend de celui-là ; dans une robe d’un blanc de nacre, les cheveux relâchés sur les épaules dans une langueur absolue. Elle était pareille à ce jour de juillet où  ils s’étaient donné rendez-vous loin des regards, quelques jours seulement après qu’elle eut décidé de quitter Hans. 
actu-fiction, reverie

La gueule du vampire [actu-fiction]

Lorsqu’il l’avait vue passer sur la Piazza, Giovanbattista Penzo avait senti tout son être se contracter dans un frisson.
Il n’y avait pas que le désir dans cette impression étrange mais aussi l’ivresse d’une sensation absolue. Un sentiment bien plus fort en vérité que le jeune homme n’en avait jamais connu.

Non sans avoir précipitamment lancé à la volée deux pièces à l’adresse d’un serviteur, Giovanbattista avait quitté la terrasse pour se lancer à la poursuite de l’inconnue sans autre formalité.

Le serviteur surpris, avait tenté de héler ce jeune homme si pressé qu’il s’en allait en oubliant son chapeau autant que sa monnaie, en vain.

La signorina marchait du pas assuré de celle qui connait sa route et se faufilait dans les ruelles si vite que Giovanbattista dut bousculer quelques passants pour ne pas la perdre de vue.
Les plis de sa jupe dansaient de droite et de gauche tel un métronome et imposaient leur rythme aux pas et aux pensées du jeune homme, envouté.
Bientôt Giovanbattista arriva à sa hauteur.
Aussitôt il se saisit du bras de la signorina dans un geste à la fois ferme et familier.
Lorsqu’elle se retourna, ses yeux noirs brillaient d’un éclat vif qui n’avait rien de l’expression de la surprise.
Avant même qu’il ne lui pose la question elle murmura : « Je suis Catarina. Catarina Filosi ».