à vif, et moi

Aux amis des jeunes parents

Il y a ceux qui postent des photos de leur bébé quotidiennement sur les réseaux sociaux.
Et ceux qui cessent soudain de répondre au téléphone une fois parents.

On vous dira que ça n’a rien contre vous. Que c’est somme toute normal et que désormais ils préfèrent voir d’autre couples avec enfants.

Même si ce n’est pas bien convainquant.

Quand parfois ils vous invitent à déjeuner ils prennent une mine soulagée lorsqu’enfin leurs enfants quittent la table en courant pour aller jouer un peu plus loin.

Et vous expliquent qu’ils apprécient d’avoir un peu de calme tandis qu’ils préparent le café.

Puis la tasse à la main, ils vous racontent le si beau match de foot du grand ou la gaffe rigolote du dernier.

Vous hochez la tête machinalement, et prenez l’air intéressé.

De toute façon, ils ne savent plus manier d’autre sujet de conversation.

Parfois, vous profitez de l’occasion pour leur proposer d’aller voir un film au cinéma.

Pas ce soir évidemment ; l’imprévu est un luxe que les jeunes parents ne peuvent plus se permettre.

Échaudé, vous proposez donc d’aller voir ce film qui sort dans une quinzaine de jours. Celui dont vous avez parlé une demi-heure plus tôt tandis que le petit refusait de manger ses spaghettis.

Bêtement vous attendez une réponse simple.

Vous seriez même prêt à vous contenter d’une réponse négative comme « je ne suis pas libre ce soir là, mais peut-être un autre soir ».

Mais ça n’arrivera pas.

Invariablement, ils vous répondront. « Je vais voir. Il faut qu’on s’organise », ce qui a pour effet de couper court à toute possibilité de négociation.

Et pourtant, parfois ils s’organisent. Effectivement.

Ce jour là vous recevrez un sms sur votre téléphone.

Un message très court du type « Tu fais quoi ce soir ? ».

Surtout, ne répondez pas.

Car si vous le faites, ce sera nécessairement par un message du genre « rien pourquoi ? » avec le secret espoir d’aller voir avec eux ce fichu film dont c’est justement la dernière séance au cinéma du coin.

« On voudrait aller au cinéma ce soir. Tu peux nous garder les enfants ? ».

Je vous avais pourtant défendu de répondre.

Puisque vous ne faites rien de mieux et que vous venez justement de leur écrire, vous passez la soirée à garder les gamins.

Pour le plus jeune, ça ne demande pas trop d’effort. A peine arrivé, il s’est déjà endormi.

Quand au second, il est ravi que vous lui racontiez une histoire. Vous aviez oublié à quel point vous aimez raconter des histoires.

En gardant ces gamins qui leurs ressemblent, voilà que vous vous rappelez ce que vous trouviez à vos amis.

Alors vous leur proposez de boire un verre lorsqu’ils sonnent au milieu de la nuit.

Et contre toute attente, ils disent oui.

Les jeunes parents font des amis lamentables.

Mais ce sont des amis tout de même.

Et ce n’est pas si mal.

2 commentaire

  1. François Bévalot

    31.07.2014 at 13:34

    J’adore ! Tu es particulièrement en forme en ce moment je trouve 😉

    1. 31.07.2014 at 13:43

      Merci 🙂 L’écriture est un muscle comme un autre !

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