reverie

Dans la chaleur d’un vert infini

[Le texte et les photos qui vont suivre constituent ma participation -tardive- a l’inspiration Part. III lancée sur Selenite – Le principe est simple : proposer une création originale sur un thème (musical) imposé : avant toute chose, cliquez donc sur ce lien pour lancer la chanson
[EDIT le 26.09.2009 – les autres résultats sont en ligne]

J’ai les pieds nus et je cours. 
Mon souffle est réduit à presque rien, mon cœur frappe comme un marteau.
Il y a ces quelques gouttes de sang aussi qui perlent le long de mon visage en souvenir d’une branche dont je me serais passé de faire la connaissance. 
Je n’ai pas de temps à perdre à m’occuper de ce sillon qui s’est creusé dans ma joue.
Je cours. 

Bientôt, la piste remonte et devient rocailleuse, mais je ne ralentis pas : je ne peux pas ralentir.
Une pointe se glisse au creux de mon talon. Une foulée puis une autre et ma chair consent à lui rendre sa liberté, au prix de quelques gouttes de sang.
Quelques gouttes de plus. 
Je les sens derrière moi, calmes, déterminés, tout le contraire de moi à l’instant. 

Chaque chose est comme elle doit, ils sont chasseurs, je suis la proie.
Pourquoi les choses sont elles ainsi ? Je ne le sais pas.
C’est peut être aussi bien. 

052
Enfin j’arrive en haut de la colline, harassé mais plein d’espoir à l’idée de mettre, enfin, un obstacle entre moi et mes poursuivants, au terme d’une longue course à découvert. 

Et puis je comprends.
Leur assurance, leur manière habile de rester à distance sans jamais totalement me perdre de vue.
Toutes les réponses à ces questions se trouvent dans ces deux yeux qui me fixent.
Et ce collier de cuir qui enserre un poil dru.
Le molosse est immobile à l’instant, il me jauge, mais je sais que ca ne va pas durer. Je n’ai pas le temps de réfléchir à une issue. 
Alors, aussi surement que je courais à l’instant : je saute.
 
Je me réveille dans un vert d’une douceur infinie. Je flotte. 
C’est un arbre qui a amorti ma chute.
Et cette fleur à coté de moi, n’est elle pas magnifique ? 
Je suis en sécurité à présent. Les molosses ne peuvent me pister aussi haut.
Quant aux chasseurs, assurément ils ne me verront pas.

Sauvé.  
Je suis sauvé. 
Je flotte.
Non. Je rêve. Au dessus de mon corps, l’un des hommes brandit une masse avant de l’abattre sur mon crane. 
Si je tournais la tête je verrais ce morceau de mon talon qui a explosé dans ma chute et fait à présent le bonheur du molosse.

Mais à présent cela n’a plus la moindre importance.

Je suis dans la chaleur d’un vert infini. 
Je flotte.
 

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