à vif

Beauzac, un peu

J’ai pris le train à l’heure où les employés partent au bureau. Mais le samedi matin, les employés sont au lit, au café. Où ca les chante.

Mon train était l’un de ceux qu’on a entièrement rénovés. La peluche des sièges et le bois des tablettes étaient neufs mais le confort venait d’une autre époque

On avait de la place pour les genoux et du moelleux sous la nuque. Mais il n’était pas question d’une prise de courant.

Le train était d’aspect récent mais il se trouvait à une époque où l’on lit le journal, ou un roman à la rigueur. Mais écrit à l’encre sur un papier honnête. Mon billet indiquait Mars 2019 mais le décor etait celui de 1995, soigneusement préservée.

Enfin, la gare d’Avignon a reculé par la fenêtre.

En route pour Beauzac.

A midi je serai en Haute-Loire.

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reverie

3 secondes et puis le gris

Ils sont côte à côte dans l’escalator et déjà on ne voit qu’eux.

Il y a une file bien rangée, immobile et toute à sa place. La ligne correctement tracée que forment tous ces habitués alors qu’ils descendent, résignés. Docilement rangés bien à droite. Parce que c’est ainsi, parce que l’usage le dicte.

Et il y a ces deux jeunes hommes que le fait de n’être pas conforme indiffère.

Je suis en montée et ils sont en descente. Le plus proche de moi porte un chapeau et c’est ce qui attire mon regard. Parce qu’un chapeau me coiffe également. J’aime les chapeaux.

Mais ce chapeau-là n’a rien à voir avec le mien. Son cuir est fatigué. C’est un chapeau qui a connu la rue.

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reverie

Le chemin plus que la carte

Les cartes ne me disent rien au premier abord. Au début, je suis toujours perdu. Il me faut un point d’où partir et mettre un pied devant l’autre.

Une idée après l’autre.

Et si l’on est en ville, il me faut m’écarter des raccourcis.

La voiture va trop vite. Elle prive le regard des marches fendillées, des messages laissés sur les murs en latin et argot. La voiture reste sur les grands axes, balisé ; bien rangés.

Le metro est encore pire. Ses cartes sont si simples qu’elles en sont détachées de toute réalité. Le métro reduit les trajets en même temps que la perception des distances.

Et il divise les villes non pas en quartiers, mais en cercles. Des ronds dont le centre est une station.

C’est pratique, mais découvrir une ville ainsi ca ne me convient pas.

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