grève

Tout le monde est en grève (sauf moi)


Il n’y apas que la SNCF a etre en grève aujourd’hui, loin s’en faut.
En passant je viens de trouver cet article sur le site des échos qui recense les professions en grève aujourd’hui.
Extrait :

« . SNCF : Trois syndicats, CGT, Sud-Rail et FO ont déposé des préavis de grève reconductibles à partir de lundi 20H00 contre la « réorganisation industrielle du fret et ses conséquences sociales ». Le préavis de la CGT, premier syndicat, et celui de FO (6e) concernent les cheminots de la traction (conduite, 21.000 agents) et de l’exploitation (circulation et gestion des trafics, 14.400 agents), les plus susceptibles de perturber le trafic en cas de grève. Le préavis de Sud-Rail (2e) couvre en revanche « tous les personnels de la SNCF ».

. FONCTION PUBLIQUE : trois organisations syndicales (FSU, CGT, Solidaires) sur huit ont appelé à une journée de grève et de manifestations, notamment contre le projet de loi sur la mobilité des fonctionnaires, qui touche :

les Douanes : CFDT, CGT, FO et Solidaires n’ont pas levé leur préavis de grève reconductible depuis le 15 mai et l’Unsa a déposé un préavis pour le 10

les Finances où FO, la CFDT et l’Unsa se sont associées aux appels à la grève de Solidaires et la CGT

la Culture (musées, etc) où une large intersyndicale (CFDT, CFTC, CGT, FO, FSU, Sud et Unsa) appelle à une grève reconductible

l’Equipement

l’Education : des préavis ont été déposés dans le primaire, les collèges et les lycées par la FSU, la CGT et Solidaires.

. HOPITAUX : Deux syndicats appellent à faire grève : la CGT-Santé, premier syndicat chez les agents hospitaliers, et Solidaires. FO, de son côté, organise seule « une journée de mobilisation », face notamment aux plans de restructuration des hôpitaux. Un préavis de grève a été déposé, mais sans appel formel à faire grève.

. EDF et GDF : pas de préavis déposé par les syndicats de l’Energie

. La POSTE (172.000 fonctionnaires et 116.000 salariés de droit privé) : pas de préavis de grève spécifique, les fonctionnaires étant couverts par les préavis des fédérations.

. FRANCE TELECOM (108.000 salariés en France, dont 70% de fonctionnaires) : même situation qu’à La Poste.

. METEO FRANCE : trois syndicats (Solidaires, CGT, FO) appellent à la grève, contre la mobilité, mais aussi des fermetures de centres météo et des réductions d’effectifs. (source AFP) »

En ce qui concerne Météo France, j’en avais déjà dit un petit mot il y a quelques jours.
Plus globalement, il fait avouer qaue ca fait quand meme un paquet de gens en colère…

Notes (presque) personnelles :
1- je vais encore me faire chier pour rentrer ce soir…
2- A force, je vais peut être me voir contraint de me désengager de ce groupe.

et hop, reverie

I Have a nice day

Lentement, je me suis réveillé. Quelque part, étouffé sous une pile de coussins le son du réveil. Au loin, le craquement des croquettes écrasées sous le croc de mon chat. Il fait beau, c’est un évènement si l’on considère les jours derniers ; un mieux qui déjà produit ses effets et modifie peu à peu cette humeur maussade qui ne m’a guère quitté.

La SNCF est un grève mais je m’en fous. Pas de train ce matin c’est presque la routine. Je pose un pied à terre, puis le second. Je reste assis là un instant à regarder le bleu du ciel qui se détache derrière le lent balancement du pin face à ma fenêtre.

J’ai faim. Je m’arrête un bref moment pour y penser, à cette heure c’est assez rare pour moi qui suis habituellement nauséeux au réveil. D’un geste j’allume la machine à café et sans m’arrêter je me dirige vers le frigo. C’est cela, j’étais certain d’y avoir laissé des fraises.

Changement de rythme, peu à peu mes sens sortent de leur torpeur. Le son de la télévision, le goût des fraises, la chaleur de l’eau sur ma nuque, chaque sensation me procure un nouveau plaisir.

(Tarascon sur Rhône– vue sur le château)

Puis c’est l’arrivée devant la gare, la prévisible absence de train, la montée dans l’autocar qui le remplace. La chaleur à nouveau sur ma nuque, celle du soleil, à la fois franche et agréable, ses reflets pris dans les reflets du Rhône à travers la vitre.

Je suis arrivé à neuf heures trente au bureau ce matin. Et pour une raison que j’ignore rien n’a pu jusqu’à présent entamer le moindre fragment de mon humeur.


Points de jonction

Points de jonction (16)

Je conserve de cette période des impressions mêlées. Mon mensonge initial m’obligeait à inventer chaque soir le récit de ma journée. Sophie s’enthousiasmait pour chacune des choses sur lesquelles elle était amenée à passer du temps au cours de son travail. Elle m’en faisait des récits enflammés qui me laissaient chaque fois un peu plus plein d’admiration à son égard. J’étais grisé par le sentiment que j’éprouvais de vivre avec une femme brillante. Ses succès m’incitaient à continuer, à ne jamais m’arrêter à mes échecs.

Compte tenu de ma promesse de m’épanouir dans mon travail, Sophie n’aurait pas accepté que je ne lui fasse pas chaque soir un récit enflammé voire lyrique des plaidoiries que j’étais supposé avoir écrit au cours de la journée. Je m’en voulais bien sûr de lui mentir, mais les affaires à chaque fois plus belles et plus complexes que j’inventais, (cette gradation, principalement due au fait que je m’habituais progressivement à l’exercice était également sensée illustrer la confiance à chaque fois plus importante de mon patron envers moi au fur et à mesure que mes exploits se succédaient.) suscitaient chez elle des réactions qui généraient chez moi les effets d’une drogue. A chaque nouveau récit, au fur et à mesure que les destins tragiques tout d’abord, puis miraculeusement changés de mes « clients » se succédaient, je voyais briller un peu plus l’œil aimé de ma femme. Ce regard, je le connaissait bien avant, c’était celui dont elle me gratifiait à la sortie de chacun de mes livres. Cependant, mes plaidoiries imaginaires me permettaient de le faire naître tous les soirs. Par lâcheté, par peur de lui avouer la vérité tout d’abord, et pour ne plus me priver de cette lueur dans son regard ensuite, je poursuivis mes mensonges jour après jour. La vérité, c’est que j’avais réellement besoin de me sentir admiré par elle autant que je l’admirais.

Je savais pourtant que le temps rendrait progressivement la vérité de plus en plus difficile à avouer. Cependant, l’éventualité de me priver de son admiration, pire ; l’idée de la décevoir me remplissaient d’un effroi véritable.

J’inventai donc successivement l’histoire de ce père aimant et généreux, privé de tout contact avec ses deux petites filles et dont la détresse légitime avait su trouver par le biais de mes mots un écho favorable auprès d’un juge à la réputation sinistre. Ou celle de ce cambrioleur charmant dont les rapines, perpétrées chez les plus riches et les plus célèbres (qui pour la plupart avaient refusé de porter plainte par peur du scandale et du ridicule) avaient permis de loger une mère invalide et un frère gravement handicapé (j’inventai même pour l’occasion le syndrome d’Eupar-Colin !) ainsi que de financer les études (de droit évidemment…) d’une sœur aussi belle que réservée. La plus belle de toutes était certainement celle de l’homme qui avait détourné plusieurs millions sur divers comptes bancaires de cigarettiers pour le reverser sur ceux de familles de victimes de cancers et autres maladies. L’emphase et l’accumulation de détails dont je dotais mes récits leur conféraient une force suffisamment romanesque suffisamment extraordinaire pour être crédibles.

Sophie éprouvait une véritable passion pour les récits de hors-la-loi au grand cœur. Pour cette raison, je lui créais toutes sortes d’histoires à l’exacte mesure de ses attentes. Dans la mesure du crédible, plus que du possible, la plupart de mes histoires se finissaient bien. La première raison à cela était que Sophie n’aimait guère les histoires qui finissent mal. La seconde raison, que bien sûr je ne perdais jamais de vue, c’est que finalement ce devait toujours être moi le héros véritable de l’histoire, le recours ultime et néanmoins salvateur.

Mes journées n’étaient cependant pas inactives. Les rendez vous quotidiens avec Maximilien Huet de Francart m’obligeaient à travailler à des horaires à la fois réguliers et soutenus. L’histoire de Nicolas avançait donc d’autant. Cependant, la sensation de travailler « sur commande » produisait en moi l’impression permanente d’écrire en dessous de mes objectifs et de mes possibilités. Artiste, je me sentais noble. Salarié, je me faisais l’impression d’une sorte de traître.

Malgré mes gènes, je me tins cependant aux engagements que j’avais pris, et l’écriture de mon roman put suivre son cours de la manière dont je l’avais imaginée dès le début.


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