Ciné

L’Imaginarium du Docteur Parnassus [critique]

Terry Gilliam est un réalisateur à part qui dispose tout à la fois d’un vrai réseau de fans, souvent fidèles depuis sa période Monthy Python et d’une réelle sympathie liée à la légende qui fait de lui un « réalisateur maudit ». 
Si vous ne voyez pas en quoi le réalisateur de Sacré Graal et des Frères Grimm peut être maudit je vous renvoie au Film Lost in La Mancha ou à ce récent article du Monde dont un extrait suit : 

Terry Gilliam a vécu tous les cauchemars qu’un réalisateur peut faire. A chaque fois, le cauchemar ressemblait au film. Quand il a mis en scène un homme piégé par une bureaucratie monstrueuse, Brazil (1985) est devenu l’enjeu d’une bataille homérique entre le réalisateur et le studio Universal. Quand il s’est emparé des Aventures du baron de Münchausen (1988), l’ex-Monty Python s’est retrouvé piégé dans un interminable tournage aux effets spéciaux dévastateurs. Et tout le monde (enfin, les spectateurs de Lost in la Mancha) sait que l’assaut lancé sur le Quichotte a laissé Terry Gilliam au sol, vaincu par une tempête qui a noyé ses décors et la maladie de son interprète principal, Jean Rochefort. [source]

L’Imaginarium du Docteur Parnassus a lui aussi connu son lot de malheur puisque le regretté Heath Ledger s’est vu attribuer le role principal avant de décéder en plein tournage.

Au final, c’est un  film sauvé de justesse par l’intervention des trois stars, Johnny Depp, Colin Farrell et Jude Law, venus incarner les avatars imaginaires du personnage campé par Heath Ledger, qui sort sur nos écrans. 

La trame  : 
La nouvelle folie de Terry Gilliam présente l’histoire du Docteur Parnassus, un moine bouddhiste convaincu que l’existence de l’univers est étroitement liée aux histoires racontées par le hommes et devenu immortel à la suite d’un pacte avec le diable.  
Bien des siècles plus tard ce conteur  mystique est devenu saltimbanque mais plus personne ou presque n’accepte de  venir entendre ses spectacles.
Avec l’aide d’une petite troupe et des pouvoirs de son imagination le Docteur Parnassius se lance dans un ultime pari avec le diable. 

Comme à chaque film, Gilliam impose au spectateur un univers foisonnant qui peut séduire ou dérouter.
Pour le spectateur qui choisit de se laisser prendre par la main le spectacle est cette fois vraiment à la hauteur. 
Je me suis laissé emporter avec un réel bonheur dans cette fable un peu folle sur le « métier » de narrateur.

Le film n’est pas exempt de reproche toutefois. 
La présence des trois stars évoquées plus haut, en dépit de performances tressautantes et enthousiastes, reste au final assez anecdotique, et somme toute artificielle.
Peut être le film aurait il aurait-il été plus un peu plus « homogène » si un seul d’entre eux s’était prête au jeu ? 

[si avec cette photo je ne vous convainc pas, vraiment je ne sais plus… ]

Quoi qu’il en soit, le film vaut largement le déplacement, si toutefois vous acceptez de sortir deux heures durant des sentiers rebattus du cinéma prémáché. 
Voilà un joli moment de poésie et d’humour qu’il serait dommage de négliger.
Ciné, la classe

Number One [critique]

 
Pour son nouveau long métrage la réalisatrice Zakia Tahiri bénéficie d’une sortie originale. 
Alors que la sortie nationale est prévue le 23.09.2009 quelques cinémas situés à proximité du pourtour méditerranéen ont la chance de le diffuser en avant première. 

Autant vous le dire, c’est un peu par hasard que je suis rentré voir ce film, dont je n’avais absolument pas entendu parler.  
Et je ne le regrette pas puisqu’il m’a rendu le sourire un jour où ce n’était pourtant pas évident… 


Number One c’est l’histoire d’Aziz ; un prototype de petit chef. 
En tant que directeur d’une usine de confection Aziz est terrorisé par son patron dont les appels téléphoniques incessants lui rappellent constamment la nécessité d’augmenter la productivité.
Alors forcément il se venge, sur ces ouvrières qui ne travaillent « que » 88 heures par semaine et trouvent encore le temps de se plaindre, puis sur son épouse qu’il  traite comme une servante. 
C’est l’arrivée d’une importante cliente française qui va tout changer.
Cette représentante d’une importante société, (incarnée par la trop rare Chantal Ladesous) féministe à la fois tendre et autoritaire souhaite absolument  diner avec Aziz et son épouse. 
Celle-ci va donc troquer donc le voile et le balai contre une belle robe courte et le charme d’un restaurant chic, le temps d’un diner.
Toute à son bonheur elle décide dès le lendemain de faire appel à un sorcier et change son mari en un tendre tendre féministe.


A mi chemin entre comédie et conte Number One emploie des recettes vraiment originales à l’appui d’un film dont le propos féministe est aussi une vraie déclaration d’amour au Maroc et à ses habitants. 
Métaphore sur le changement social qui perce actuellement dans ce pays depuis l’adoption de la « Moudawana« , ce droit de la Famille révisé qui accorde de nouveaux droits aux femmes, le film manie l’argument social avec un entrain particulièrement réjouissant. 

Car, et c’est la principale qualité du film, on rit beaucoup devant le portrait de ces hommes tous à tour séduits et déboussolés par ces femmes en quête d’émancipation.

Number One n’a assurément pas le profil type du « Blockbuster » c’est vrai. 
Mais si vous avez déjà la chance de pouvoir le voir près de chez vous n’hésitez surtout pas. 
En ce qui me concerne il s’agit d’un authentique coup de cœur.
Ciné

Looking for Eric [critique]

Depuis quelques jours Dulcinée monopolise l’ordinateur pour raison professionnelle et me tient loin de vous (au point d’avoir totalement passé sous silence la promulgation de la loi Création et Internet). 
Alors ce week-end j’en ai profité pour rattrapper une partie du retard que j’avais accumulé coté cinéma. 
Et pour tout vous dire, je ne regrette rien parce que j’ai vraiment passé de bons moments.
Le plus marquant d’entre eux est probablement le très commenté long métrage de Ken Loach, « Looking for Eric ».

En bon cinéphile, j’avais un double à priori positif sur ce film.
Parce que Ken Loach bien sûr, et parce que Cantona ; sans rire.

Mine de rien, l’ancien footballer peut se vanter d’avoir une filmographie irrégulière mais de belle facture pour être apparu dans les Enfants du Marais, Le Bonheur est dans le Pré et aussi pour son interprétation sympathique dans l’Outremangeur, l’adaptation de la génialissime bande déssinée de Bénacquista et Ferrandez. 


L’argument (*): 
« Looking for Eric », c’est l’histoire d’Eric Bishop un postier dépressif qui néglige son travail, laisse ses enfants tourner mal et pense de plus en plus au suicide. 
Heureusement, Eric n’est pas seul. Ses amis postiers d’un coté et sa fille de l’autre veillent sur lui et sont bien décidés à ne pas le laisser s’enfoncer plus avant.
Leurs efforts semblent mal partis puisqu’Eric reste dans sa chambre à picoler face au poster grandeur nature de son idole ; Eric Cantona. 
Mais un jour l’idole lui répond, avac l’aide de Cantona, Eric se sent enfin prêt à remonter la pente.


Le talent de Ken Loach réside dans ces portraits qui à eux seuls embrassent un phénomène social.
Cette fois, il choisit de parler des quartiers populaires de Manchester et de ceux qui y vivent avec son talent habituel.

Le procédé qui consiste à confronter un dépressif à son idole peut sembler usé, mais la subtilité avec laquelle il est cette fois employé réussit à la perfection.
Car Cantona se fait rare à l’image, de sorte que chacune de ses apparittions est un authentique spectacle. L’ancien Footballer est ici impeccable dans la caricature de lui même. Enchainant les aphorismes et les proverbes usés avec une assurance inoxydable il forme un contrepoint efficace au personnage d’Eric Bishop. 

Le procédé réussit doublement  puisqu’il préserve Cantona du ridicule dans lequel il aurait facilement pu tomber autant qu’il met en valeur la performance de Steve Evets, l’autre Eric absolument stupéfiant d’un bout à l’autre du film. 
Voilà un authentique moment de cinéma, subtil, humain dont les accents scénaristiques rappellent parfois le récent Gran Torino. 
Vous aussi éteignez votre ordinateur et allez-y, tout de suite (oui c’est un ordre).

(*)Oui, « l’argument », parce que « Pitch » c’est vraiment laid…