à vif

Se perdre dans Montpellier

Je me suis réveillé pas totalement convaincu. La plume et la gorge sèches. Le pied gourd.

Et j’ai pris le train alors que le sommeil n’était pas complètement dissipé.

Ma tête était pleine de ces choses dont les Avocats ne parlent pas. De toutes ces fois où l’on se sent inutile, impuissant à modifier le cours d’un dossier.

C’est à Montpellier que j’ai pris le temps d’avaler un premier café.

Je suis sorti du Tribunal certain d’avoir fait tout ce qu’il fallait, quoique convaincu d’un résultat pas totalement favorable.

Pressé de rentrer, j’ai pressé le pas.

Et j’ai failli me perdre dans le quartier qui sépare le Tribunal d’Instance de la gare Saint Roch.

Pour un peu, j’y serais resté.

Il y a des matins où les choses se passent bien.

Alors même qu’on n’y croyait pas.

Ne boudons pas notre plaisir.

Continuer la lecture…

à vif

Beauzac, un peu

J’ai pris le train à l’heure où les employés partent au bureau. Mais le samedi matin, les employés sont au lit, au café. Où ca les chante.

Mon train était l’un de ceux qu’on a entièrement rénovés. La peluche des sièges et le bois des tablettes étaient neufs mais le confort venait d’une autre époque

On avait de la place pour les genoux et du moelleux sous la nuque. Mais il n’était pas question d’une prise de courant.

Le train était d’aspect récent mais il se trouvait à une époque où l’on lit le journal, ou un roman à la rigueur. Mais écrit à l’encre sur un papier honnête. Mon billet indiquait Mars 2019 mais le décor etait celui de 1995, soigneusement préservée.

Enfin, la gare d’Avignon a reculé par la fenêtre.

En route pour Beauzac.

A midi je serai en Haute-Loire.

Continuer la lecture…

à vif

L’enveloppe cachetée

WP_20160531_22_24_17_Pro (2)

Ça avait pourtant commencé de la manière la plus anodine, sous la forme d’une enveloppe glissée dans la boite aux lettres par le facteur.

C’est une enveloppe de couleur beige, presqu’orangée, faite dans un papier recyclé très granuleux.

Il n’a pas de motif de craindre le contenu de cette enveloppe. Au contraire même puisqu’au devant elle porte cette écriture si familière. Alors il monte les escaliers qui le séparent de son appartement, avec ce pas nerveux dont il a l’habitude. Une fois dans le salon, il pose l’enveloppe sur la table et reprend la lecture de son livre là où il l’avait arrêtée la veille.

A ce moment précis, il pourrait se rendre compte que quelque chose déraille. Recevoir des nouvelles par la poste en provenance d’amis chers, c’est toujours une sorte de cadeau. Or les cadeaux, d’habitude, il s’empresse de les ouvrir. Les enveloppes, il les déchire d’ordinaire par le coté, comme un papier cadeau qu’on déchire sans méthode.

Mais celle-là reste sur la table du salon jusqu’au lendemain.
Cette enveloppe abandonnée devrait être un signal pour lui, une alerte orangée qui insiste sur la table.

Mais il persiste à l’ignorer.

Un jour passe jusqu’à la seconde alerte, qui survient lorsqu’il prend l’enveloppe, et la pose sur la bibliothèque. Pourquoi ne l’ouvre t’il pas ? C’est peut-être un dessin fait par l’un des enfants, des nouvelles ou un mot gentil peut-être ? Ils ne l’ont jamais habitués à autre chose après tout.

Un mois s’écoule sans que l’enveloppe ne bouge de la bibliothèque.
Et c’est lorsqu’il la remarque, après être passé tous ces jours sans la voir qu’il comprend qu’il a un problème.

Continuer la lecture…