Billets

La salade de Miloud

Miloud parle comme un cheval au galop, et avec gourmandise. Il frappe chaque syllabe et répète lorsqu’il pense que c’est mal dit.

Je crois qu’il aime rencontrer des gens. Et quand il parle, on dirait presque un enfant.

Les adultes ont des arrières pensées. Alors que Miloud, lorsqu’il pose une question, c’est simplement qu’il est curieux de la réponse.

Et quand il affirme, c’est qu’il pense être certain.

Surtout Miloud aime raconter.

Il doit avoir pas loin 40 ans maintenant et ses histoires sont désormais toujours un peu les mêmes.

Miloud parle dès qu’il le peut de ce vieux monsieur, depuis décédé, qui avait des vignes et qui le faisait servir à table.

Il en parle avec fierté et ajoute volontiers que ce monsieur était franc-macon. Il répète ce terme plusieurs fois comme si l’on n’avait pas compris. Comme si ce nom était si compliqué qu’il faudrait l’entendre plusieurs fois pour l’appréhender tout entier.

Miloud le dit sans connivence, ni parfum de complot, simplement pour signifier que le vieil homme était important.

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Billets, festivalsons

PompierS #Avignon #off16

Pompiers barbuscia

Ce billet, c’est celui où je vous conseille d’aller voir une pièce sur le viol. Ça s’appelle PompierS, et c’est un texte de Jean-Benoit Patricot mis en scène par Serge Barbuscia.

PompierS, c’est l’un de ces noms qui se murmurent avec gourmandise dans les files d’attente lorsqu’on vous demande « et toi, tu as vu quoi de bien ? ».

PompierS parle d’une jeune femme à l’esprit simple qui croit tomber amoureuse d’un PompierS pour qui l’occasion est trop belle. Parce qu’elle ne dit pas non. Parce qu’elle ne sait pas qu’elle peut dire non.

C’est un texte puissant, qui sonne juste de bout en bout.

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Billets, grumph

En défense du sans-abrisme

L’autre jour, le grand jeu, c’était de se moquer d’Emmanuelle Cosse à la suite de ce tweet :

Après la publication de ce tweet, tout ce que la France compte de rigolards s’est mise à rivaliser d’imagination pour villipender le « mal parlisme » ou rire un bon coup sur le « fatiguisme », ou le « transport en communisme ».

Quelques journalistes ont bien tenté d’expliquer que le néologisme employé par Emmanuelle Cosse n’était pas un barbarisme :

« Le « sans-abrisme », tweeté par la ministre, jeudi, lors d’une visite du centre d’hébergement du lycée Jean-Quarré à Paris, est la traduction du terme anglais « homelessness ». Ce mot désigne le fait de vivre dans la rue, donc d’être une personne « sans-abri » ou « sans domicile fixe ». La formule est couramment employée en Suisse et en Belgique, ainsi qu’au sein des instances européennes. Il existe même un Observatoire européen du sans-abrisme. Le mot n’a toutefois pas encore fait son entrée dans les dictionnaires français. »

Mais le mal était fait. Emmanuelle Cosse s’est en un tweet bâti une image de technocrate qui pour les uns massacre la langue française et pour les autres pratique une novlangue hypocrite.

Parce que pour tous ces imbéciles, Emmanuelle Cosse aurait du employer le terme Sans Domicile Fixe, qui est approprié, puisque c’est celui que l’on utilise au quotidien.

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